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Salvator-Rose, s’il eût existé. Alors Saint-Aubert frappé de cet aspect, s’attendoit presque à voir débusquer de quelque caverne voisine une troupe de bandits, et tenoit la main sur ses armes.

Cependant ils avançoient, et la vallée s’élargissoit et prenoit un caractère moins effrayant. Vers le soir ils se retrouvèrent sur les montagnes au milieu des bruyères. Loin, autour d’eux, la clochette des troupeaux, la voix de leur gardien, étoient l’unique son qui se fît entendre, et la demeure des bergers étoit l’unique habitation qu’on découvrît ; Saint-Aubert remarqua que l’yeuse, le liége et le sapin végétoient les derniers au sommet des montagnes. La plus riante verdure tapissoit le fond de la vallée. On voyoit dans les profondeurs, à l’ombre des châtaigniers et des chênes, paître et bondir de riches troupeaux, dispersés, groupés avec grâce ; les uns dormoient près du courant, d’autres y étanchoient leur soif, et quelques-uns s’y baignoient.

Le soleil commençoit à quitter la vallée : ses derniers rayons brilloient sur le torrent, et relevoient les riches couleurs du genêt et de la bruyère en fleurs. Saint-Aubert questionna Michel sur la distance