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qu’il ne devoit point y revenir. Il rejeta cette pensée, mais il continua de regarder son asyle jusqu’au moment où la distance ne permit plus de le distinguer.

Emilie resta, ainsi que lui, dans un profond silence ; mais, après quelques lieues, son imagination frappée de la grandeur des objets, céda aux impressions les plus délicieuses. La route passoit, tantôt le long d’affreux précipices, tantôt le long des sites les plus gracieux.

Emilie ne put retenir ses transports, quand, du milieu des montagnes et de leurs forêts de sapins, elle découvrit au loin de vastes plaines qu’ornoient des villes, des vignobles, des plantations en tous genres. La Garonne, dans cette riche vallée, promenoit ses flots majestueux, et du haut des Pyrénées où elle prend sa source, les conduisoit vers l’Océan.

La difficulté d’une route si peu fréquentée, obligea souvent les voyageurs de mettre pied à terre ; mais ils se trouvoient amplement récompensés de leur peine par la beauté du spectacle. Pendant que le muletier conduisoit lentement l’équipage, ils avoient le loisir de parcourir les solitudes, et de s’y livrer aux sublimes réflexions qui élèvent l’ame, qui l’adoucis-