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plicité, sa politesse, contrastaient fortement avec le ton de ses compagnes.

Après le dîner, Saint-Aubert se déroba seul pour visiter encore une fois le vieux châtaignier que Quesnel se proposoit de détruire. Il se reposa sous son ombre, il regarda à travers ses vastes branches, et apperçut entre les feuilles tremblantes la voûte azurée des cieux. Les événemens de sa jeunesse revinrent tout-à-la-fois à son esprit. Il rappela ses anciens amis, leur caractère, et jusqu’à leurs traits. Depuis long-temps ils n’étaient plus ; il se parut à lui-même un être presque isolé, et son Emilie seule l’attachoit encore à la vie.

Perdu dans la succession d’images que lui fournissoit sa mémoire, il en vint au tableau de son épouse mourante ; il tressaillit, et voulant l’oublier, s’il lui étoit possible, il rejoignit la société.

Saint-Aubert demanda ses chevaux de bonne heure ; Emilie s’apperçut en route qu’il étoit plus silencieux, plus abattu qu’à l’ordinaire. Elle en attribua la cause aux souvenirs que ce lieu venoit de lui rappeler, et ne soupçonna point le vrai motif d’un chagrin qu’il ne lui communiquoit pas.

En rentrant au château son affliction se