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de s’exprimer ; il dit enfin en tremblant : Mon Emilie, nous allons prier, voulez-vous vous joindre à nous ? nous allons implorer le secours d’en-haut : d’où pouvons-nous l’attendre que du ciel ?

Emilie retint ses larmes, et suivit son père au salon où les domestiques étoient réunis. Saint-Aubert lut d’une voix basse l’office du soir et ajouta une prière pour les ames des trépassés. Pendant sa lecture, la voix lui manqua, ses larmes arrosèrent le livre ; il s’arrêta ; mais les sublimes émotions d’une dévotion pure élevèrent successivement ses idées au-dessus de ce monde, et versèrent enfin la consolation dans son cœur.

Quand l’office fut achevé et que les domestiques furent retirés, il embrassa tendrement Emilie. Je me suis efforcé, lui dit-il, de vous donner dès vos premières années, un véritable empire sur vous-même, je vous en ai représenté l’importance dans toute la conduite de la vie ; c’est cette qualité qui nous soutient contre les plus dangereuses tentations du vice, et nous rappelle à la vertu ; c’est lui encore qui modère l’excès des émotions les plus vertueuses. Il est un point où elles cessent de mériter ce nom, puisque leur consé-