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bert qui avoit assez vécu dans la retraite, pour que ce sujet lui parût nouveau, l’écouta avec patience et attention ; et son hôte y crut voir autant d’humilité que de surprise. Il décrivit à la vérité le petit nombre de fêtes que les troubles de ces temps permettaient à la cour de Henri III, et son exactitude dédommageait de son arrogance. Mais quand il vint à parler du duc de Joyeuse, d’un traité secret, dont il connoissoit la négociation avec la Porte, du jour sous lequel Henri de Navarre étoit vu à la cour, Saint-Aubert rappela sa première expérience, et se convainquit bientôt que son beau-frère pouvoit, au plus, tenir à la cour le dernier rang ; l’indiscrétion de ses discours ne pouvoit s’accorder avec ses prétendues lumières. Cependant, Saint-Aubert ne discuta point, il savoit trop bien que M. Quesnel n’avoit ni sensibilité, ni jugement.

Madame Quesnel, pendant ce temps, exprimoit son étonnement à madame Saint-Aubert sur la vie triste qu’elle menoit, disoit-elle, dans un coin si retiré du monde. Probablement pour exciter l’envie, elle se mit de suite à raconter les bals, les banquets, les processions, dernièrement donnés à la cour, et la magnificence des fêtes,