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sa sœur, que Saint-Aubert recherchoit alors, s’apperçut, ou crut s’appercevoir que le bonheur et la splendeur n’étoient pas toujours synonymes, et son choix fut bien-tôt fixé. Quelles que fussent les idées de Quesnel à cet égard, il auroit volontiers sacrifié le repos de sa sœur à l’avancement de sa propre fortune. Il ne put, quand elle se maria, lui dissimuler son mépris pour ses principes et pour l’union qu’ils déterminoient. Madame Saint-Aubert cacha cette insulte à son époux ; mais pour la première-fois, peut-être, le ressentiment s’éleva dans son cœur. Elle conserva sa dignité, et se conduisit avec prudence ; mais la froide réserve de ses manières avertit assez monsieur Quesnel de ce qu’elle éprouvoit.

En se mariant lui-même, il ne suivit pas l’exemple de sa sœur ; sa femme étoit une italienne, riche héritière, mais son naturel et son éducation en faisoient une personne aussi frivole que vaine.

Ils avoient le projet de passer la nuit chez Saint-Aubert, et comme le château ne pouvoit loger tous leurs domestiques, on les envoya au village voisin. Après les premiers complimens et les dispositions nécessaires, M. Quesnel commença à récapituler ses liaisons et ses connoissances. Saint-Au-