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soit les allées ; bientôt une voiture entra dans l’avenue, et l’on découvrit de plus près, que cette voiture, attelée de deux chevaux en sueur, étoit sur la plate-forme. Saint-Aubert reconnut la livrée de son beau-frère, et trouva effectivement monsieur et madame Quesnel dans le salon. Ils étaient sortis de Paris depuis fort peu de jours, et alloient à leur terre, éloignée de dix lieues de la vallée. Il y avoit quelques années que Saint-Aubert la leur avoit vendue. Monsieur Quesnel étoit l’unique frère de madame Saint-Aubert ; mais aucun rapport de caractère n’ayant fortifié leur liaison, la correspondance entre eux n’avoit pas été fort soutenue. Monsieur Quesnel s’étoit livré au plus grand monde. Il visoit à quelque importance, il aimoit le faste ; son adresse, ses insinuations avoient presque atteint leur objet. Il n’est plus étonnant qu’un pareil homme méconnût le goût pur, la simplicité, la modération de Saint-Aubert, et n’y vît qu’une petitesse d’esprit et une totale incapacité. Le mariage de sa cœur avec Saint-Aubert avoit été mortifiant pour son ambition ; il avoit espéré qu’elle formeroit quelque alliance plus propre à servir ses projets. Il avoit reçu des propositions assez conformes à ses espérances. Mais