Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle n’avoit pas le loisir de s’occuper long-temps d’une bagatelle, et d’en exagérer l’importance, en y rêvant sans cesse. L’incertitude qui ne lui permettoit pas de supposer que ces vers lui fussent adressés, ne l’obligeoit pas non plus à adopter l’idée contraire ; mais le petit mouvement de vanité qu’elle sentit ne dura point, et bientôt même elle l’oublia pour ses livres, ses études et ses bonnes œuvres.

Peu de temps après, son inquiétude fut excitée par une indisposition de son père ; la fièvre le saisit, et sans être fort dangereuse, elle porta une atteinte sensible à son tempérament. Madame Saint-Aubert et Emilie le veillèrent sans relâche, mais sa convalescence fut lente ; et tandis qu’il recouvroit sa santé, madame Saint-Aubert perdoit la sienne.

À son rétablissement, le premier objet qu’il visita, fut sa pêcherie. Une corbeille de provisions, ses livres et le luth d’Emilie y furent envoyés d’avance ; pour la pêche, on n’y en parloit point ; Saint-Aubert ne trouvoit aucun plaisir à une destruction.

Après une heure de promenade et de recherches botaniques, le dîner fut servi : la reconnoissance causée par le plaisir de revoir encore ce lieu chéri, répandit sur ce