gers, qui recevoient et portoient loin d’elle son expression et ses accens.
Dans une de ces charmantes parties ; elle apperçut sur un coin de la boiserie les vers suivans, écrits avec un crayon :
De mes chagrins trop foibles interprètes,
Enfans naïfs du plus pur sentiment ;
Ô vous ! mes vers, quand un objet charmant
Visitera ces paisibles retraites,
Retracez-lui mon amoureux tourment.
Le jour fatal, le jour où sa présence
Fit à mon cœur sentir ses premiers feux ;
Infortuné ! j’étois sans défiance
Contre l’attrait répandu dans ses yeux :
Il me sembloit qu’un messager des cieux
Me pénétroit de sa douce influence.
L’erreur cessa bientôt, et son absence
Vint à mon cœur révéler sans détour
Tous les transports d’un invincible amour.
De mes chagrins, &c.
Ces vers ne s’adressoient à personne. Emilie ne pouvoit se les appliquer, quoiqu’elle fût, sans aucun doute, la nymphe de ces bocages. Elle parcourut le cercle étroit de ses connoissances, sans pouvoir en faire l’application, et resta dans l’incertitude, incertitude moins pénible pour elle qu’elle ne l’eût été pour un esprit plus oisif.