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elles préviennent les langueurs d’une indolente apathie, et ménagent de nouvelles jouissances dans le goût et l’observation des grandes choses ; à la ville, elles rendent la dissipation moins nécessaire, et par conséquent, moins dangereuse.

Sa promenade favorite étoit une petite pêcherie appartenante à Saint-Aubert, située dans un bois voisin, sur le bord d’un ruisseau qui, descendu des Pyrénées, écumoit à travers les rochers, et s’enfuyoit en silence sous l’ombrage qu’il réfléchissoit. De cette retraite on appercevoit au travers des arbres qui la couvroient, les plus riches traits des paysages environnans ; l’œil s’égaroit au milieu des rochers élevés, des humbles cabanes et des sites rians qui bordoient la rivière.

Ce lieu étoit aussi la retraite chérie de Saint-Aubert : il y venoit souvent éviter les chaleurs du jour, avec sa femme, sa fille et ses livres ; ou vers le soir, à l’heure du repos, il venoit saluer le silence et l’obscurité, et goûter les chants plaintifs de la tendre Philomèle ; quelquefois encore, il apportoit sa musique ; l’écho se réveilloit aux tons de son hautbois, et la voix mélodieuse d’Emilie adoucissoit les souffles lé-