Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Emilie, leur auroit suffi, mais ne pouvoit satisfaire ni la vanité ni l’ambition.

Cependant les voyageuses avançoient : Emilie bien souvent tâchoit de paraître contente, et retomboit dans le silence et dans l’accablement. Madame Chéron n’attribuoit sa mélancolie qu’au regret de s’éloigner d’un amant ; persuadée que le chagrin de sa nièce pour la perte de Saint-Aubert, n’étoit qu’une affectation de sensibilité, madame Chéron s’efforçoit de le tourner en ridicule.

Enfin elles arrivèrent à Toulouse. Emilie n’y avoit pas été depuis plusieurs années, et n’en avoit gardé qu’un très-foible souvenir. Elle fut surprise du faste de la maison et de celui des meubles ; peut-être la modeste élégance dont elle avoit l’habitude, étoit la cause de son étonnement. Elle suivit madame Chéron à travers une vaste antichambre où paroissoient plusieurs valets vêtus de riches livrées ; elle entra dans un beau salon, orné avec plus de magnificence que de goût, et sa tante ordonna qu’on servît le souper. Je suis bien aise de me retrouver dans mon château, dit-elle en se laissant aller sur un grand canapé ; j’ai tout mon monde autour de moi, je déteste les voyages, je devrois pourtant aimer à les