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rêveries d’un avenir heureux : plus souvent il cédoit à ses inquiétudes, et frémissoit de l’opposition qu’il trouveroit dans la famille d’Emilie. Il étoit le dernier enfant d’une ancienne famille de Gascogne. Ayant perdu ses parens presqu’au berceau, le soin de son éducation et celui de sa mince légitime avoient été confiés à son frère, le comte de Duverney, son aîné de vingt ans. Il avoit une ardeur dans l’esprit, une grandeur dans l’ame, qui le faisoient sur-tout exceller dans les exercices qu’on appeloit alors héroïques. Sa fortune avoit encore été diminuée par les dépenses de son éducation ; mais M. de Valancourt l’aîné sembloit penser que son génie et ses talens suppléeroient à la fortune ; ils offroient à Valancourt une assez brillante perspective dans l’état militaire, le seul, pour ainsi dire, qu’un gentilhomme pût suivre alors sans danger. Il entra donc au service.

Il avoit un congé de son régiment quand il entreprit le voyage des Pyrénées ; c’étoit là qu’il avoit connu Saint-Aubert. Comme sa permission alloit expirer, il en avoit plus d’empressement à se déclarer aux parens d’Emilie ; il craignoit de les trouver contraires à ses vœux. Sa fortune, avec le supplément médiocre qu’auroit fourni celle