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d’événemens possibles ayant que je le revoie ! Ô paisibles et trop heureux ombrages, je vais vous quitter ! Je n’aurai plus rien qui ranime vos douces impressions dans mon cœur.

Alors séchant ses larmes, ses pensées s’élevèrent encore à l’objet sublime de sa contemplation. Une confiance divine vint s’emparer de son cœur ; elle y ramena l’espérance et la résignation à la volonté d’un Être suprême.

Emilie porta ses yeux sur le platane, et s’y reposa pour la dernière fois. C’étoit là que, peu d’heures avant, elle causoit avec Valancourt. Elle se rappela l’aveu qu’il avoit fait, que souvent il erroit la nuit autour de son habitation, qu’il en franchissoit la barrière ; et tout-à-coup elle pensa que, dans ce moment même, il étoit peut-être au jardin. La crainte de le rencontrer, la crainte des censures de sa tante, l’obligèrent également à se retirer vers le château. Elle s’arrêtoit souvent pour examiner les bosquets avant que de les traverser. Elle y passa sans voir personne. Cependant, parvenue à un groupe d’amandiers plus près de la maison, et s’étant retournée pour voir encore le jardin, elle crut voir une personne sortir des plus sombres berceaux, et pren-