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minutieuse tyrannie de la part de madame Chéron, et dans les regrets et la douleur de la part d’Emilie. Aussi-tôt que sa tante fut retirée, Emilie alla faire ses derniers adieux à la maison ; c’étoit son berceau. Elle le quittoit sans savoir le temps de son absence, et pour un monde qu’elle ignoroit absolument. Elle ne pouvoit surmonter le pressentiment qu’elle ne reviendroit jamais à la Vallée. Elle resta long-temps dans la bibliothèque de son père, et choisit quelques-uns de ses auteurs favoris, pour les emporter avec elle. Elle les couvrit de larmes en essuyant leur couverture, s’assit dans le fauteuil, vis-à-vis du pupitre, et se perdit dans ses tristes pensées. Thérèse enfin ouvrit la porte pour s’assurer, suivant l’usage, si tout étoit en ordre pour la nuit. Elle tressaillit en reconnoissant sa jeune maîtresse.

Emilie la fit approcher, et lui donna des instructions sur l’entretien du château. Hélas ! lui dit Thérèse, vous allez donc partir ! Si j’en puis juger, vous seriez plus heureuse ici que vous ne le serez où l’on vous mène. Emilie ne répondit point.

Rentrée chez elle, elle regarda de sa fenêtre, et vit le jardin faiblement éclairé de la lune, qui s’élevoit au-dessus des figuiers. La beauté calme de la nuit aug-