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chose de charmant, de romanesque, dans votre rencontre.

Emilie retint les pleurs qui rouloient dans ses yeux. Quand ma conduite méritera cette sévérité, madame, vous ferez fort bien de l’exercer ; jusques-là votre justice, si ce n’est pas votre tendresse, doit vous engager à l’adoucir. J’ai perdu toute ma famille, et vous êtes la seule personne dont je puisse attendre un peu de bonté. Ne m’obligez pas à pleurer plus que jamais la perte de si chers parens. En prononçant ces derniers mots, presque étouffés par ses soupirs, elle fondit en larmes. Madame Chéron, plus offensée des reproches que touchée des peines d’Emilie, ne lui dit rien qui la calmât. Mais, malgré toute la répugnance qu’elle témoignoit pour la recevoir, elle exigea qu’elle la suivît. L’amour du pouvoir étoit sa passion dominante. Elle savoit bien qu’elle la satisferoit, en prenant une jeune orpheline qui ne pourroit appeler de ses arrêts.

En entrant au château, madame Chéron lui dit de s’arranger pour prendre la route de Toulouse, et déclara qu’elle vouloit partir dans quelques heures. Emilie la conjura de différer du moins jusqu’au lendemain : elle eut de la peine à l’obtenir.

Le jour se passa dans l’exercice d’une