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sidération de mon pauvre frère, oublier l’inconvenance…

Emilie l’interrompit pour lui demander ce qu’elle entendoit par inconvenance.

— Quoi ! l’inconvenance ? Recevoir les visites d’un amant inconnu à toute votre famille, dit madame Chéron ! (Elle oublioit l’inconvenance dont elle-même avoit été coupable, en exposant sa nièce aux dangers d’une conduite imprudente.)

Une rougeur vive colora le teint d’Emilie. Elle raconta la liaison de Valancourt et de son père. La circonstance du coup de pistolet et la suite de leurs voyages ; elle ajouta la rencontre fortuite de la veille ; enfin elle avoua que Valancourt lui avoit témoigné de l’intérêt, et lui avoit demandé permission de s’adresser à sa famille.

Et quel est-il, ce jeune aventurier, je vous prie, dit madame Chéron ; quelles sont ses prétentions ? Il vous les expliquera, madame, dit Emilie ; mon père le connoissoit, je le crois sans reproche.

Alors c’est un cadet, s’écria la tante, et de droit un mendiant ! Ainsi donc, mon frère se prit de passion pour ce jeune homme, en quelques jours seulement : mais le voilà bien. Dans sa jeunesse il prenoit inclination, aversion, sans qu’on en pût deviner