Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment de vos esprits. Je ne vous croyois pas capable, ma nièce, d’une duplicité comme celle-là. Quand vous me donniez une telle excuse, j’y croyois bonnement ; je ne m’attendois sûrement pas à vous trouver un compagnon aussi aimable que ce M. la Val… J’ai oublié son nom.

Emilie ne pouvoit plus long-temps endurer ces indignités. Mon excuse étoit fondée, madame, lui dit-elle, et plus que jamais j’apprécie aujourd’hui la retraite que je desirois alors. Si le but de votre visite est seulement d’ajouter l’insulte aux chagrins de la fille de votre frère, vous auriez pu me l’épargner.

— Je vois que j’ai pris une tâche pénible, dit madame Chéron en devenant fort rouge.

— Je suis sûre, madame, dit Emilie, qui s’efforçoit de retenir ses larmes, je suis sûre que mon père ne pensoit pas ainsi. J’ai le bonheur de me rappeler que ma conduite sous ses yeux lui procuroit le plaisir de l’approbation. Il me seroit affligeant de désobéir à la sœur d’un tel père : et si vous croyez que la tâche puisse être pénible, je suis fâchée que vous l’ayez entreprise.

— Fort bien, ma nièce ! les belles paroles ne signifient rien. Je veux bien, en con-