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si grand malheur, je ne puis que m’affliger avec vous.

Emilie ne put répondre que par de nouveaux sanglots : elle pria Valancourt de quitter un si triste asyle ; Valancourt prit ses mains dans les siennes, et la conduisit hors du pavillon ; ils marchèrent en silence au travers des bois ; Valancourt desiroit savoir, et craignoit de demander les affligeans détails qui regardoient Saint-Aubert ; Emilie, trop absorbée d’abord pour soutenir la conversation, trouva pourtant assez de force après quelques momens pour lui parler de son père, et lui raconter quelques circonstances de sa mort. Quand il apprit que Saint-Aubert étoit mort sur la route, et avoit laissé Emilie entre les mains de personnes étrangères, il s’écria involontairement : Où étois-je ? Bientôt il détourna la conversation, et parla de lui-même. Elle apprit qu’après leur séparation, il avoit erré quelques jours sur le rivage de la mer, et étoit revenu en Gascogne par le Languedoc. La Gascogne étoit sa province, et c’étoit là qu’il résidoit.

Après cette courte narration, il se tut. Emilie n’étoit pas disposée à reprendre la parole ; ils continuèrent leur marche. Mais à la porte, il s’arrêta, comme s’il eût cru