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tion. L’instant d’après, une porte s’ouvrit, un étranger parut, et stupéfait de voir Emilie, il la supplia d’excuser son indiscrétion. Au son de cette voix, Emilie perdit sa crainte, et son émotion augmenta. Cette voix lui étoit familière, et quoiqu’elle ne pût distinguer aucun trait, sa mémoire la servoit trop bien pour qu’elle conservât de la frayeur.

L’étranger répéta ses excuses ; Emilie répondit quelques mots, alors celui-ci s’avançant avec vivacité, s’écria : « Grand Dieu ! se peut-il ? Sûrement. — Je ne m’abuse point. C’est mademoiselle Saint-Aubert » !

Il est vrai, dit Emilie, qui reconnut Valancourt, dont les traits sembloient animés. Mille souvenirs pénibles se pressèrent dans son esprit, et l’effort qu’elle fit pour se contenir ne servit, en effet, qu’à l’agiter davantage. Valancourt, pendant ce temps, s’informoit soigneusement de la santé de M. Saint-Aubert. Un torrent de larmes lui apprit la fatale nouvelle. Il la conduisit à un siège, et s’assit auprès d’elle. Elle continuoit de pleurer, et Valancourt tenoit sa main ; mais elle ne s’en apperçut qu’en la sentant inondée des pleurs qu’elle versoit.

Je sais, dit-il enfin, combien en pareils cas, les consolations sont inutiles. Après un