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ma maîtresse étoit heureuse ? il est heureux aussi, lui : car, dit-on, les prières du pauvre ne manquent jamais d’arriver au ciel. Pendant ce discours, Emilie rentroit au château, Thérèse la conduisit dans la salle ordinaire, où elle n’avoit mis qu’un couvert pour souper. Emilie étoit dans cette salle, avant de s’appercevoir qu’elle n’étoit pas dans son appartement : elle retint le premier mouvement, qui l’entraînoit à en sortir, et s’assit près de la table. Le chapeau de son père étoit suspendu vis-à-vis d’elle ; elle le vit, et fut prête à s’évanouir. Thérèse la regarda, ainsi que l’objet sur lequel étoient fixés ses yeux ; elle voulut ôter le chapeau, Emilie fit un signe pour l’en empêcher. — Non, dit-elle, laissez-le ; je vais dans ma chambre. Mais, mademoiselle, le souper est prêt. Je ne puis manger, dit Emilie.

— Vous avez tort, lui dit Thérèse, chère demoiselle ; prenez quelque nourriture. J’ai préparé un faisan ; le vieux M. Barreaux l’a envoyé ce matin. Hier, je le rencontrai, je lui dis que je vous attendois : je n’ai vu personne qui fût plus affligé que lui, quand il sut la triste nouvelle…

— Il le fut, dit Emilie d’une voix tendre ; et dans ce moment, elle sentit son pauvre