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nance, par ses manières, Valancourt avoit exprimé toute son admiration pour elle, il ne s’étoit jamais autrement expliqué ; l’espérance qu’elle avoit de le voir étoit même si reculée, qu’elle se l’avouoit à peine, et se doutoit encore moins que cet espoir eût autant de part à ses déterminations.

Il se passa quelques jours entre l’arrivée du serviteur de madame Chéron, et celui où Emilie fut en état de se mettre en route pour la Vallée. Le soir qui précéda son départ, elle se rendit à la chaumière pour prendre congé de Voisin et de sa famille, et leur témoigner sa reconnoissance ; elle trouva le vieillard assis devant la porte, entre sa fille et son gendre, qui, revenu dans ce moment de son travail du jour, jouoit d’une sorte de flûte qui ressembloit à un hautbois. Une bouteille de vin étoit auprès du grand-père, et devant lui une petite table couverte de pain et de fruits ; les petits enfans, tous beaux, tous bien portans, étoient placés autour, et prenoient leur souper que la maman leur distribuoit. À la bordure de cette pelouse on voyoit un petit troupeau, et quelques moutons étoient sous de grands arbres ; le passage étoit éclairé par la teinte harmonieuse du soleil couchant, et ses