Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étoit comme naturel, avoit répandu un vernis si touchant sur la sainte retraite d’une religieuse, qu’elle avoit presque perdu de vue le véritable égoïsme qui la produit. Mais les couleurs qu’une imagination mélancolique, légèrement imbue de superstition, prêtoit à la vie monastique, se fanèrent peu à peu, quand ses forces lui revinrent, et ramenèrent à son cœur une image qui n’en avoit été que passagèrement bannie. Ce souvenir la rappela tacitement à l’espérance, à la consolation, aux plus doux sentimens ; des lueurs de bonheur se montrèrent dans le lointain ; et quoiqu’elle n’ignorât pas à quel point elles pouvoient être trompeuses, elle ne voulut pas s’en priver. Ce fut le souvenir de Valancourt, de son goût, de son génie, de son extérieur, si convenables à tous deux, qui peut-être la rattacha seul au monde. La grandeur, la majesté des scènes, au milieu desquelles ils s’étoient rencontrés, avoient aliéné son imagination, et avoient imperceptiblement rendu Valancourt bien plus intéressant pour elle, en lui communiquant quelque chose de leur caractère ; l’estime aussi que Saint-Aubert avoit montrée pour lui, sembloit sanctionner son suffrage. Mais si, par sa conte-