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occupations et sa société ne lui permettoient pas d’entreprendre un si long voyage. Quoiqu’Emilie préférât la Vallée à Toulouse, elle fut touchée d’une conduite si peu délicate et si peu convenable. La tante souffroit qu’elle retournât à la Vallée, sans parens, sans amis pour la consoler et la défendre ; et cette conduite étoit d’autant plus coupable, que Saint-Aubert mourant avoit confié sa fille orpheline aux soins de sa sœur.

Le domestique de madame Chéron dispensa le bon Voisin d’accompagner Emilie ; elle sentoit vivement ce qu’elle devoit à ce vieillard, et le prix de ses compatissantes attentions pour Saint-Aubert et pour elle-même. Elle fut contente de lui épargner ce voyage, qui, pour son âge, eût été pénible.

Pendant qu’elle étoit au couvent, la paix intérieure de cet asyle, la beauté des environs, les soins obligeans de l’abbesse et de ses religieuses firent sur elle un effet si attrayant, qu’elle fut presque tentée de se séparer du monde ; elle avoit perdu ses plus chers amis, elle vouloit se vouer au cloître, dans un séjour que la tombe de Saint-Aubert lui rendoit à jamais sacré. L’enthousiasme de sa pensée, qui lui