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jeune personne pour laquelle j’ai beaucoup de considération, traitez-la comme une sœur.

Elles se rendirent à la chapelle, et l’édifiante dévotion avec laquelle fut célébré l’office divin, éleva l’esprit d’Emilie aux consolations de la foi et d’une entière résignation.

Il étoit tard avant que l’abbesse eût consenti à son départ. Elle sortit du couvent moins oppressée qu’elle n’y étoit entrée, et fut reconduite par Voisin au travers des bois ; leur uniforme obscurité étoit en harmonie avec l’état de son cœur. Elle suivoit, en rêvant, un petit sentier peu battu, quand tout-à-coup son guide s’arrêta, regarda autour de lui, et se jeta hors du sentier dans la bruyère, disant qu’il s’étoit trompé de route ; il marchoit avec une extrême vitesse : Emilie, qui ne pouvoit le suivre sur un terrain glissant et dans l’obscurité, restoit à une grande distance, et se vit obligée d’appeler ; il ne vouloit pas s’arrêter, et pressoit assez brusquement. Si vous doutez de votre chemin, dit Emilie, ne vaudroit-il pas mieux s’adresser à ce grand château que j’apperçois entre ces arbres ?

Non, répliqua Voisin, ce n’est pas la peine : quand nous serons à ce ruisseau où