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regarda encore, et s’enfonça dans un abîme de douleur. — Voisin entendant ses sanglots, entra dans la chambre pour l’entraîner ; mais elle ne voulut rien écouter, et le conjura de la laisser seule.

Dans cet état, elle s’abandonna à ses larmes, et l’obscurité du soir dérobant presque à ses yeux l’objet de sa douleur, elle se jeta sur le corps ; à la fin épuisée, elle étoit prête à s’évanouir. — Voisin revint à la porte, et la pria de le suivre en bas. Avant de s’en aller, elle baisa les lèvres de Saint-Aubert, comme elle faisoit en lui donnant le bonsoir ; elle les couvrit de nouveaux baisers, il sembloit que son cœur se brisât. Quelques larmes coulèrent, elle regarda le ciel, fixa Saint-Aubert, et sortit.

Retirée dans sa petite chambre, ses pensées mélancoliques errèrent encore autour de son père. Affaissée dans une espèce de sommeil, des images lugubres obsédèrent son imagination. Elle rêva qu’elle voyoit son père, il l’abordoit avec une contenance de bonté. Tout d’un coup il sourit avec tristesse, il leva les yeux, ouvrit ses lèvres ; mais au lieu de ses paroles, elle entendit une musique douce, portée sur les airs, à une fort grande distance. Elle vit alors