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me s’il eût voulu lui parler ; mais la force lui manqua, ses yeux s’appesantirent et se couvrirent de nuage : elle sentit ce regard au fond de son cœur. Mon cher père, cria-t-elle ; et bientôt se retenant, elle serra sa main davantage et se cacha le visage de son mouchoir. Ses larmes ne se voyoient plus ; mais Saint-Aubert entendit ses sanglots convulsifs, ses sens se ranimèrent. Oh ! mon enfant, lui dit-il foiblement, que mes consolations soient les vôtres ; je meurs en paix, je vais dans le sein d’un père, et ce père sera encore le vôtre lorsque moi je ne serai plus ; confiez-vous en lui, ma chère Emilie, il vous soutiendra dans ce moment ainsi qu’il me soutient moi-même.

Emilie ne pouvoit qu’écouter et pleurer ; mais le calme extrême de son père, la foi, l’espérance qu’il montroit, adoucissoient un peu son désespoir ; pourtant elle voyoit cette figure décomposée, ce caractère de mort qui commençoit à se répandre, ces yeux enfoncés et toujours fixés sur elle, ces paupières pesantes et toutes prêtes à se fermer : son cœur étoit déchiré et ne pouvoit s’exprimer.

Il voulut encore une fois lui donner sa bénédiction. Où êtes-vous, ma chère, lui