Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revint, Saint-Aubert étoit si épuisé de toute cette scène, qu’il fut quelques minutes sans pouvoir parler. Un cordial qu’Emilie lui donna parvint à ranimer ses forces. Quand pour la seconde fois ils furent seuls, il s’efforça de la calmer, et lui présenta toutes les consolations que la circonstance pouvait admettre. Elle se jeta dans ses bras, pleura sur sa poitrine, et sa douleur la rendoit tellement insensible à ses discours, qu’il cessa de lui en faire aucun ; il ne pouvoit que s’attendrir et mêler ses larmes aux siennes. Rappelée enfin à un sentiment de devoir, elle voulut épargner à son père un plus long spectacle de sa douleur ; elle quitta ses embrassemens, sécha ses pleurs, et dit quelques mots comme de consolation. Ma chère Emilie, reprit Saint-Aubert, ma chère enfant, soumettons-nous avec une humble confiance à l’Être qui nous a protégés et consolés dans nos dangers et dans nos afflictions. Chaque moment de notre vie fut exposé à ses yeux ; il ne voudra pas nous abandonner, il ne nous abandonnera pas maintenant. Je sens cette consolation dans mon cœur ; je vous laisserai, mon enfant, je vous laisserai entre ses bras, et quoique je quitte ce monde, je serai toujours en sa présence. Oui, mon