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et entretenu la pensive mélancolie qui devint ensuite le trait dominant de son caractère ; les promenades agrestes des montagnes, les rivières qu’il avoit traversées, les plaines vastes, immenses, comme les espérances du jeune âge ! jamais Saint-Aubert ne se rappeloit qu’avec enthousiasme, qu’avec regret, ces lieux embellis par tant de souvenirs. À la fin, dégagé du monde, il y vint fixer sa retraite, et réaliser ainsi les vœux de toute sa vie.

Le bâtiment, tel qu’il existoit alors, n’étoit guère qu’un pavillon ; un étranger eût admiré, sans doute, son élégante simplicité et la beauté de ses dehors ; mais il y falloit des augmentations considérables pour en faire l’habitation d’une famille. Saint-Aubert sentoit une sorte d’affection pour les parties du bâtiment qu’il avoit jadis connu ; il ne voulut jamais qu’on en dérangeât une seule pierre, de sorte que la nouvelle construction adaptée au style de l’ancienne, fit de tous une demeure plus commode que recherchée. L’intérieur, abandonné aux soins de madame Saint-Aubert, lui donna occasion de montrer son goût ; mais la modestie qui caractérisoit ses mœurs, présida toujours aux embellissemens qu’elle ordonna.