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bert se retira pour prendre un peu de repos. Emilie ferma sa petite chambre, mais elle ne put trouver le sommeil. Ses pensées la reportèrent à la dernière conversation relative à l’état des âmes après la mort. Ce sujet la touchoit sensiblement, depuis qu’elle ne pouvoit plus se flatter de conserver long-temps son père. Elle s’appuyoit toute pensive sur une petite fenêtre ouverte. Absorbée dans ses réflexions, elle levoit les yeux au ciel ; elle voyoit cette voûte céleste semée d’innombrables étoiles, habitées peut être par des esprits dégagés de leurs corps ; ses yeux erroient dans les plaines éthérées, ses pensées s’élevoient, comme auparavant, vers la sublimité d’un Dieu et la contemplation de l’avenir. La danse avoit cessé, les chaumières étoient paisibles, l’air sembloit à peine effleurer le sommet des bois, quelques brebis égarées, de temps en temps le son d’une clochette éloignée, le bruit d’une porte qui se fermoit, interrompaient seuls le silence et la nuit. À la fin même, ces sons qui lui rappeloient la terre et ses occupations, cessèrent tout-à-fait ; les yeux mouillés de larmes, pénétrée d’une dévotion respectueuse, elle resta à la fenêtre jusqu’à ce que vers minuit l’obscurité se fût étendue