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avoit été fort chaude, je me promenois sous ces arbres, et je rêvois ; j’entendis une musique dans l’éloignement, et je pensai que c’étoit Claude qui jouoit de son chalumeau, il s’en amusoit fort souvent ; quand la soirée étoit belle, il restoit à jouer sur sa porte ; mais quand je vins à un endroit où les arbres s’ouvroient (de ma vie je ne l’oublierai), je regardois les étoiles du nord qui alors étoient fort élevées, j’entendis tout-à-coup des sons, mais des sons que je ne puis décrite ; c’étoit comme un concert d’anges ; je regardois attentivement, et je croyois toujours les voir monter au ciel. Quand je revins à la maison, je dis ce que j’avois entendu ; ils se moquèrent tous de moi, et me dirent que c’étoit des bergers qui avoient joué du flageolet ; je ne pus jamais leur persuader le contraire. Peu de soirées après, ma femme entendit la même chose, et fut aussi surprise que je l’avois été moi-même. Le Père Denis l’effraya beaucoup ; il lui dit que le ciel envoyoit cet avertissement pour annoncer la mort de son enfant, et que cette musique venoit aux maisons qui renfermoient quelques personnes mourantes.

Emilie en écoutant ces paroles se sentit frappée d’une crainte superstitieuse tout-à-