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sa main dans les siennes, écoutoit attentivement le vieillard. Son cœur étoit plein d’amertume, et ses pleurs couloient, à l’idée que bientôt sans doute elle ne posséderoit plus le bien précieux dont elle jouissoit encore. La lueur douce d’un clair de lune d’automne, la musique éloignée, qui alors jouoit une romance, secondoit sa mélancolie. Le vieillard parloit de sa famille, et Saint-Aubert ne disoit rien. Je n’ai plus qu’une fille, dit Voisin ; mais elle est heureusement mariée, et me tient lieu de tout. Quand je perdis ma femme, ajouta-t-il en soupirant, j’allai me réunir avec Agnès et sa famille. Elle a plusieurs enfans, que vous voyez danser là-bas, gais et dispos comme des pinsons. Puissent-ils être toujours ainsi ! J’espère mourir au milieu d’eux, monsieur : je suis vieux maintenant, je n’ai pas bien long-temps à vivre ; mais il y a de la consolation à mourir parmi ses enfans.

— Mon bon ami, dit Saint-Aubert d’une voix tremblante, vous vivrez, je l’espère, long-temps au milieu d’eux.

— Ah ! monsieur, à mon âge je ne dois pas m’attendre à cela. Le vieillard fit une pause. C’est à peine si je le désire, reprit-il ensuite. J’ai confiance que, si je meurs,