Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formoient avec sa propre situation ; elle s’empressa de joindre un groupe de vieillards assis auprès de la chaumière, exposa sa position, et implora leur assistance. Plusieurs se levèrent avec vivacité, offrirent tous leurs services, et suivirent Emilie qui sembloit avoir des ailes en retournant vers le grand chemin.

Quand elle atteignit la voiture, elle trouva Saint-Aubert ranimé. En recouvrant ses sens, il avoit appris de Michel que sa fille étoit partie ; son inquiétude pour elle avoit surpassé le sentiment de ses besoins : il avoit envoyé Michel à sa suite. Il étoit néanmoins encore dans la langueur, et se trouvant incapable d’aller plus loin, il renouvela ses questions sur une auberge ou sur le château dans les bois. Le château ne peut vous recevoir, dit un paysan vénérable qui avoit suivi Emilie, à peine est-il habité ; mais si vous voulez me faire l’honneur d’accepter ma chaumière, je vous donnerai mon meilleur lit.

Saint-Aubert étoit français ; il ne s’étonna point de la courtoisie française. Malade comme il étoit, il sentit combien la manière dont l’offre étoit faite, ajoutoit à sa valeur. Il avoit trop de délicatesse pour s’excuser, ou pour hésiter un seul moment