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avoit quitté ; imaginant que c’étoit celle de Michel, son premier mouvement fut de revenir : une seconde pensée l’en détourna. La dernière extrémité seule avoit pu déterminer Michel à quitter ses mules ; elle crut son père mourant ; elle courut avec plus de vitesse, dans la foible espérance que les convives du bois voudroient bien lui donner quelque secours. Son cœur battoit dans sa terrible incertitude ; et plus elle approchoit, plus le froissement des feuilles sèches la faisoit trembler à chaque pas. Le bruit la conduisit à un endroit découvert qu’éclairoit la lune ; elle s’arrêta, et apperçut entre les arbres un banc de gazon formé en cercle, et occupé par un groupe de plusieurs personnes. En s’approchant elle jugea aux costumes que ce dévoient être des paysans, et tout le long du bois elle distingua plusieurs chaumières éparses. Tandis qu’elle regardoit et s’efforçoit de vaincre l’appréhension qui la rendoit comme immobile, quelques jeunes paysannes sortirent d’une des cabanes, la musique reprit, et la danse recommença ; c’étoit la fête de la vendange, et la même musique qu’elle avoit entendue dans l’air. Son cœur trop déchiré, ne pouvoit sentir le contraste que tous ces plaisirs