Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’homme réfléchit un instant, et dit qu’il avoit d’autres affaires, mais qu’on ne pouvoit se tromper, en suivant l’avenue qu’il montra. Saint-Aubert alloit répondre, quand le paysan, lui souhaitant une bonne nuit, le quitta sans rien ajouter.

La voiture tourna vers l’avenue qui étoit fermée d’une barrière : Michel mit pied à terre, et l’ouvrit : ils pénétrèrent alors entre d’antiques châtaigniers et de vieux chênes, dont les branches entrelacées formoient une voûte fort élevée : il y avoit quelque chose de désert et de sauvage dans l’aspect de cette avenue, et le silence en étoit si imposant, qu’Emilie devint toute tremblante. Elle se rappeloit le ton qu’avoit le paysan en parlant de ce château ; elle donnoit à ses paroles une interprétation plus mystérieuse qu’elle ne l’avoit d’abord fait : elle essaya néanmoins de calmer ses craintes ; elle pensa qu’une imagination troublée l’en avoit rendue susceptible, et que l’état de son père et sa propre situation devoient sans doute y contribuer.

Ils avançoient lentement, l’obscurité étoit presque complète ; le terrain inégal, et les racines des arbres qui l’embarrassoient à tout moment, obligeoient à beaucoup de précaution. Soudain, Michel arrêta la voi-