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quillité ordinaire, du moins il en avoit repris l’apparence.

Ils atteignirent Leucate d’assez bonne heure, mais Saint-Aubert étoit très-fatigué ; il voulut y passer la nuit. Le soir il se promena avec sa fille pour visiter les environs. On découvroit le lac de Leucate, la Méditerranée, une partie du Roussillon que bordoient les Pyrénées, et une partie assez considérable du Languedoc et de ses richesses. Les raisins déjà mûrs rougissoient les coteaux, et les vendanges se commençoient. Saint-Aubert et Emilie voyoient les groupes joyeux, entendoient les chansons que leur apportoit le zéphyr, et goûtoient par avance tous les plaisirs que promettoit leur route. Saint-Aubert néanmoins ne voulut pas quitter la mer ; il étoit bien souvent tenté de s’en retourner chez lui ; mais le plaisir qu’Emilie prenoit à ce voyage, balançoit toujours ce désir : il vouloit d’ailleurs essayer si l’air de la mer ne le soulageroit pas un peu.

Le jour suivant ils se remirent donc en route. Les Pyrénées, quoiqu’au fond du tableau, en faisoient ressortir l’effet ; à droite ils avoient la mer, à gauche, d’immenses plaines qui se confondoient avec l’horizon. Saint-Aubert en jouissoit, il