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ils eussent passé une soirée charmante, après les travaux et les jouissances du jour, si la séparation qui s’approchoit n’eût répandu un nuage sur leurs cœurs. Saint-Aubert vouloit partir le lendemain, côtoyer la Méditerranée, et arriver jusqu’en Languedoc. Valancourt, trop tôt guéri, désormais sans prétexte pour suivre ses nouveaux amis, devoit s’en séparer en ce lieu même. Saint-Aubert qui l’aimoit, lui proposa d’aller plus loin ; mais il ne renouvela pas l’invitation, et Valancourt eut le courage de n’y pas céder, pour montrer qu’il en étoit digne. Ils dévoient donc se quitter le lendemain : Saint-Aubert partant pour le Languedoc, et Valancourt reprenant, pour se rendre chez lui, la route des montagnes. Toute la soirée il fut muet, et plongé dans la rêverie ; Saint-Aubert fut avec lui, affectueux, mais pourtant grave ; Emilie fut sérieuse, quoiqu’elle s’efforçât de paroître gaie ; et après une des plus mélancoliques soirées qu’ils eussent jamais passée ensemble, ils se quittèrent pour la nuit.