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peu plus haut, parce que la vue y seroit plus étendue et plus belle. Ils alloient s’y rendre, quand ils virent une jeune femme s’approcher des enfans, les caresser, et pleurer amèrement sur eux.

Les voyageurs intéressés par son malheur, s’arrêtèrent pour mieux l’observer. Elle prit dans ses bras le plus jeune des enfans, et découvrant des étrangers, elle sécha ses larmes à la hâte, et se rapprocha de la chaumière. Saint-Aubert lui demanda ce qui pouvoit tant l’affliger. Il apprit que son époux étoit un pauvre berger, qui, tous les jours, passoit l’été dans cette cabane, pour y conduire un troupeau sur les montagnes. La nuit précédente il avoit tout perdu. Une bande de Bohémiens, qui, depuis quelque temps, désoloient le voisinage, avoit enlevé toutes les brebis de son maître. Jacques, ajoutoit la femme, avoit amassé un peu d’argent, et il en avoit acheté quelques brebis pour nous ; mais aujourd’hui, il faut bien qu’elles remplacent le troupeau qu’on a pris à son maître ; et ce qu’il y a de pis, c’est que le maître, quand il saura cela, ne voudra plus nous confier ses moutons ; c’est un homme dur, et alors, que deviendront nos enfans ?

L’attitude de cette femme, la simplicité