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le remerciant, mais sur ses instances respectueuses, elle lui permit de l’accompagner jusque chez elle. Pendant le chemin, le jeune homme essaya de lier conversation avec Elena ; mais elle ne répondit que par monosyllabes et déjà ils étaient arrivés à la porte de la maison, sans qu’il eut trouvé le moyen d’entamer la conversation.

L’aspect de la demeure des deux dames lui donna lieu de penser qu’elles tenaient un rang honorable dans le monde, mais que leur fortune était médiocre.

Vivaldi s’arrêta à la petite grille du jardin. La vieille dame lui renouvela ses remerciements, mais sans l’inviter à entrer.

Déçu dans son espoir, le jeune homme se hasarda à demander la permission de prendre de ses nouvelles et, quand il l’eut obtenue, il adressa un long regard d’adieu à Elena qui le remercia à son tour des soins donnés à sa tante. Puis, l’imagination remplie de la céleste apparition, le cœur tout agité, Vivaldi retourna au palais de son père, à Naples.

Vincenzo Vivaldi, d’une des plus anciennes familles du royaume de Naples, était fils du marquis de Vivaldi, favori du roi, aussi élevé en puissance qu’en dignité. Très fier de sa naissance, le marquis joignait à l’orgueil de sa race, le sentiment d’une réelle supériorité. Mais une conscience ferme et droite balançait chez lui l’ambition et la maintenait dans une juste raison morale. Telle n’était pas la marquise de Vivaldi, qui se vantait d’une généalogie aussi ancienne que son époux, mais dont l’orgueil n’était tempéré par aucune vertu. Violente dans ses passions, vindicative autant qu’artificieuse, elle aimait son fils, moins comme l’unique