— Et l’homme, le reconnaissez-vous ?
— Je ne l’ai jamais revu et je n’oserais attester que le religieux qui est devant moi soit celui dont j’ai reçu la confession.
— Mais, observa l’inquisiteur, si vous ne connaissez pas père Schedoni, religieux du couvent de Spirito-Santo, vous connaissiez du moins le comte de Bruno ?
— Oui, dit le pénitencier, le pénitent était bien Ferondo de Marinella, comte de Bruno, mais les années changent un homme, et je n’oserais dire que le père Schedoni soit cet homme.
— Eh bien, je le serai, moi ! dit une autre voix que Vivaldi reconnut pour celle du mystérieux moine qui l’avait visité dans sa prison.
Schedoni avait pâli.
— Et connais-tu ceci ? lui cria le moine d’un ton terrible, en tirant un poignard de sa robe.
Schedoni détourna la vue et parut près de défaillir.
— C’est de ce poignard que ton frère a été percé, reprit l’inconnu. Ai-je besoin de t’en dire davantage ?
Le courage de Schedoni l’abandonna et il fut obligé de s’appuyer contre un des piliers de la salle. Il se fit une grande rumeur et un mouvement général.
— Père Schedoni, demanda le grand inquisiteur, connaissez-vous cet homme qui se porte votre accusateur ?
— Oui, répliqua le confesseur ; son nom est Nicolas Zampari, religieux au couvent de Spirito-Santo.
— Quels seraient les motifs de son accusation ?
— Eh bien, reprit Schedoni, j’avais promis à Zampari de l’aider de mon crédit pour lui faire obtenir une dignité qu’il convoitait. Il échoua par la faute de la personne sur qui je comptais et il s’en prit à moi de cette déconvenue. C’est un homme violent