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raconta la visite que lui avait faite dans sa cellule le mystérieux moine et il répéta les paroles qu’il avait dites.

Ces déclarations jetèrent les juges dans une grande perplexité. Après une courte consultation entre les membres du tribunal, le grand inquisiteur dit d’un ton imposant à Vivaldi :

— Nous prenons acte de votre déposition et nous nous renseignerons ultérieurement. Retirez-vous. Bientôt vous en saurez davantage.

Et Vivaldi fut reconduit dans sa cellule d’où on ne le retira que le lendemain soir, pour le ramener devant ses juges, qui étaient prêts à approfondir la nature des crimes que les révélations du grand pénitencier pouvait imputer à Schedoni. Celui-ci ainsi que le père Ansaldo avaient été cités tous deux devant le tribunal du Saint-Office.

Schedoni, à la suite des événements que nous avons raconté, avait vu que tout ce qu’il avait fait pour satisfaire son ambition, tournait contre son ambition même ; car une alliance de sa fille avec l’illustre maison de Vivaldi était ce qui l’aurait flatté le plus au monde. Et il s’était précisément éloigné de ce but, en contrariant les amours de Vivaldi et d’Elena et en foulant aux pieds les principes de vertu et d’humanité. Maintenant, il désirait aussi ardemment cette union qu’il l’avait jusqu’alors combattue et il se proposait d’obtenir le consentement de la marquise. Avant tout, il avait, sur les désirs d’Elena, confié celle-ci à la bonne abbesse de Santa-Maria, puis il s’était en hâte rendu à Rome où il avait été arrêté alors qu’il travaillait à la délivrance de Vivaldi, délivrance qui devait précéder ses démarches auprès de la marquise.

L’audience du tribunal de l’Inquisition avait une solennité inaccoutumée, en vertu de la gravité de l’accusation. On procéda au recensement des personnes à qui il serait permis d’y assister, prisonniers, témoins.