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faits intimes qu’Elena croyait connus seulement d’elle-même et de sa tante. Dès lors, elle ne pouvait plus douter.

La situation toute nouvelle où se trouvait Schedoni, la foule de sentiments nouveaux qui l’assaillaient, lui firent désirer la solitude. Convaincu désormais qu’Elena était sa fille, il l’assura que dès le lendemain il la ferait sortir de cette maison pour la ramener chez elle. Après quoi il quitta la chambre.

Au bas de l’escalier, il vit Spalatro qui venait à sa rencontre, portant le manteau qui devait envelopper le corps sanglant d’Elena pour le jeter à la mer.

— Est-ce fait ? demanda le bandit.

— Arrête, misérable, arrête, gronda Schedoni en recouvrant toute son énergie. Garde-toi d’entrer dans cette chambre. Il y va de ta vie !

— De ma vie ! s’écria Spalatro, reculant de surprise, est-ce que la sienne ne suffit pas ?

Schedoni ne répondit rien.

— Mais apprenez-moi donc, insista Spalatro en montrant le manteau, ce que je dois faire.

— Retire-toi ! répondit le moine d’un air terrible, laisse-moi.

Et Schedoni se retira dans la chambre qui lui était réservée, non dans l’espoir d’y prendre du repos, mais pour s’abandonner librement à ses remords, pareil à l’homme qui s’éloigne avec horreur de l’abîme dont il vient de mesurer la profondeur.


LE SECRET DU CONFESSIONNAL.


Pendant que se passaient les événements que nous venons de rapporter, Vivaldi et son domestique étaient toujours prisonniers de l’Inquisition. Le jeune comte, appelé de nouveau devant le tribunal, eut à subir un nouvel interrogatoire, plus détaillé que le premier. Les examinateurs étaient plus nombreux cette fois et tout l’art imaginable