Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh ! le puis-je ? disait le bénédictin. Qui oserait s’opposer aux ordres de l’Inquisition ? Ne savez-vous pas, malheureux jeune homme, que toute résistance est punie de mort ?

— De mort ! s’écria Elena, de mort !…

— Oui, dit l’un des officiers à Vivaldi, en montrant un de ses hommes couché à terre, il vous coûtera cher pour ce que vous avez fait !

— Monsieur, répliqua Vivaldi, je n’ai rien à dire pour ma défense, j’ai fait mon devoir. Mais cette dame est innocente, délaissée de tous. Pouvez-vous, la voyant sans appui, la traîner dans vos cachots, sur une dénonciation calomnieuse ?

— Monsieur, dit l’officier, notre pitié ne lui servirait à rien. Il faut que nous fassions notre devoir. Que l’accusation soit fondée ou non, ce n’est pas à nous, c’est au tribunal qu’elle doit répondre.

Mais quelle accusation ? demanda Elena.

— Celle d’avoir rompu vos vœux.

— Infâme manœuvre ! dit Vivaldi. Je reconnais bien là l’infâme méchanceté de sas persécuteurs. Ô chère Elena ! faut-il donc que je vous laisse en leur pouvoir ?

Il brisa ses liens et, se traînant vers elle, il la pressa encore une fois entre ses bras. Elle, appuyée sur le sein de Vivaldi, ne pût exprimer que par des larmes les angoisses de son cœur brisé. C’était un spectacle à attendrir les âmes les plus farouches, excepté celles des inquisiteurs. Vivaldi, épuisé par la perte de son sang, fut forcé d’abandonner une seconde fois sa bien-aimée.

On se mit en devoir de séparer les deux amants, et l’officier donna ordre d’emmener Elena. Ses hommes la saisirent dans leurs bras ; Paolo faisait de vains efforts pour se débarrasser de ses liens et la secourir.

Vivaldi essaya de se soulever, mais il perdit connaissance en prononçant le nom d’Elena. En vain, la jeune femme implora ses ravisseurs pour qu’il lui fût permis de donner ses soins à l’infortuné ; on l’entraîna hors de la chapelle, tandis qu’elle criait, désespérée :