Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le bénédictin tressaillit à la vue du rouleau ; il le prit et l’examina avec attention. Le parchemin, le sceau, la formule, certaines marques connues seulement des initiés, tout, certifiait l’authenticité du décret d’arrestation. Le papier tomba de ses mains, et se tournant vers Vivaldi :

— Malheureux ! s’écria-t-il, c’est donc vrai ! Vous êtes appelé devant ce redoutable tribunal pour répondre d’un crime ! et peu s’en est fallu que moi-même je me sois rendu coupable d’un grand délit !

Vivaldi, stupéfait, était comme frappé de la foudre.

— Un crime ! murmurait-il ; voilà une imposture bien hardie ! Quel crime ai-je commis ? Ces scélérats qui osent s’attaquer à une innocente victime n’échapperont pas à ma vengeance. Qu’ils approchent, s’ils l’osent…

Et, hors de lui, le jeune homme menaça de nouveau la bande qui l’entourait. Tous, au même instant, mirent l’épée à la main, malgré les cris perçants d’Elena et les supplications du prêtre. Vivaldi, qui ne voulait pas répandre du sang, se tenait sur la défensive, jusqu’à ce que la violence de ses adversaires l’obligeât à faire usage de tous ses moyens de défense. Il mit l’un d’eux hors de combat, mais il fléchissait sous le nombre, lorsque Paolo entra dans la chapelle. Voyant son maître assailli, il vola à son secours et frappa un de leurs ennemis ; mais enfin, ils se virent entourés, et le maître et le valet, blessés à leur tour l’un et l’autre, furent terrassés et désarmés. Elena, qu’on avait empêchée de se jeter entre les combattants, suppliait à genoux les féroces satellites du Saint-Office en faveur de Vivaldi blessé qui, de son côté, conjurait le vieux prêtre de protéger la jeune femme.