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Vivaldi comprenant les suites que pouvait avoir sa défiance, encouragea Elena du regard. Mais en s’engageant en silence dans les détours du passage, il se tenait prêt à tout événement. Il tendit une main à Elena et prit son épée de l’autre. Enfin, ils atteignirent la porte tant désirée. En passant, Elena aperçut l’entrée d’une espèce de chambre pratiquée dans le roc. Géronimo donna la lanterne à Vivaldi et se mit en mesure d’ouvrir la serrure, pendant que le jeune comte se préparait à lui remettre le salaire convenu. Mais la porte ne s’ouvrait pas. Géronimo se retournant, dit froidement à Vivaldi :

— Je crains que nous ne soyons trahis. Il y a deux serrures : la seconde est fermée, et je n’ai que la clef de la première.

À ce moment, des chants résonnèrent à quelque distance.

— Qu’est cela ? demanda Elena. D’où viennent ces sons ?

— De la grotte que nous venons de quitter. C’est la dernière antienne des religieux.

Les fugitifs apprenaient ainsi que la retraite leur était coupée.

— Oui, nous sommes trahis ! s’écria Vivaldi d’un ton ferme, en s’adressant à Géronimo, mais je vois que c’est par vous traître !…

Et Vivaldi brandit son épée. Elena s’efforça de le calmer et d’arrêter ses violences. Soit que le jeune homme fût désarmé par ses prières, soit que l’air d’innocence du frère lui imposât, il remit l’épée au fourreau et essaya de forcer la porte ; mais en vain.

Géronimo toujours impassible et dédaignant de se justifier, leur indiqua une dernière chance de salut. Il fut convenu qu’il retournerait seul dans l’église pour voir s’il n’y avait pas moyen de les faire sortir par