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Ce mot terrible ranima les forces d’Elena qui redoubla d’efforts. Enfin, elle arriva à la porte de la grille et elle frappa doucement dans ses mains. C’était le signal convenu. Elle attendit la réponse avec une inexprimable anxiété. Enfin trois petits coups se firent entendre, puis, la clef tourna dans la serrure, la porte s’ouvrit et deux personnes parurent. À la lueur d’une lanterne sourde que tenait Géronimo, Elena reconnut Vivaldi qui s’élança vers elle :

— Ô ciel ! dit-il tremblant de joie, est-il possible que vous soyez encore à moi ! Si vous saviez ce que j’ai souffert pendant cette heure mortelle !…

— Ce n’est pas le moment des explications, interrompit Géronimo ; nous avons déjà perdu trop de temps.

Elena remercia et embrassa avec effusion Olivia, puis l’orpheline franchit la porte.

Comme nos fugitifs suivaient l’avenue qui conduisait à l’église, Vivaldi craignant de rencontrer quelque religieux, demanda s’il ne pourrait pas éviter de passer par le lieu saint, mais Géronimo déclara que c’était impossible. Ils y entrèrent donc ; l’église était déserte. Ils arrivèrent à une issue latérale qui communiquait à une grotte où se gardait la madone dite N. D. du Mont-Carmel, devant laquelle une lampe brûlait nuit et jour. Leur guide pénétra dans l’enceinte qui renfermait la madone et ouvrit une petite porte donnant sur un passage étroit et tortueux pratiqué dans le roc. Tout à coup, Elena se souvint que, d’après la description que lui avait faite Olivia, ce passage devait être celui qui conduisait à l’in-pace. Alarmée a l’idée que Géronimo les trahissait, elle refusa d’aller plus loin.

— Où nous conduisez-vous ? lui dit-elle.

— Où vous devez aller, répondit le frère d’une voix sourde ; parole qui augmenta les alarmes d’Elena et inquiéta Vivaldi lui-même.

— Pourquoi, dit-il, ne pas nous mener directement à quelque porte du couvent ?

— Les autres portes sont obstruées par des troupes de frères lais, répondit Géronimo d’une voix rude.