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Mais dans son impatience, elle laissa échapper la lampe de ses mains et elle se trouva dans l’obscurité.

Elle tomba dans un véritable désespoir. Aller chercher de la lumière, c’était se trahir. Attendre, c’était affreux. Le temps s’écoulait… Qui sait s’il ne serait point trop tard pour suivre les instructions de Vivaldi. Elle retournait entre ses doigts le malheureux billet qui renfermait son sort, son avenir, sa vie même, et dont elle ignorait le contenu.

L’heure s’écoulait. Horrible situation !

Au milieu de ses angoisses, elle entend marcher ; une lumière brille à travers la porte… on l’appelle tout bas, c’est Olivia ! Elle ouvre, prend la lampe des mains de la religieuse et, pâle et tremblante, lit avec avidité le billet qui lui donnait rendez-vous à la grille du jardin des religieuses, où le frère Geronimo l’attendait et où Vivaldi viendrait la rejoindre pour la faire sortir du couvent. Son fiancé la conjurait de ne pas perdre un instant. Et il s’était écoulé une heure et demie depuis le moment où Vivaldi avait écrit qu’il n’y avait pas de temps à perdre !… Dans cet intervalle, que de circonstances peut-être avaient rendu impraticable un projet d’évasion que le mouvement de la fête aurait favorisé une heure avant.

La généreuse Olivia partageait les inquiétudes de son amie, dont la vie était menacée, dont les instants étaient si précieux ! Convaincues qu’il n’y avait pas d’autre parti à prendre, elles décidèrent de s’acheminer sur-le-champ vers le jardin. Tout à coup, comme elles traversaient un couloir, elles se trouvèrent en face de l’abbesse elle-même. Elena s’effaça autant qu’elle put derrière Olivia et celle-ci ayant répondu aux questions de l’abbesse, elles se remirent en marche.

Comme Elena traversait le jardin, la crainte que Vivaldi ne se trouvât pas à son poste, l’immobilisa d’émotion. Mais Olivia, lui montrant un bosquet que la lune commençait à éclairer, murmura à son oreille :

— Là derrière, sous cette allée de cyprès, est l’in-pace !