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Il se leva et se dirigea du côté où la clarté l’avait frappé. Quelle fut sa joie en constatant qu’elle venait par la porte même de la chambre ! Cette porte refermée sur eux le soir précédent, était entr’ouverte maintenant sans qu’on eût entendu tirer les verrous ! Paolo la poussa tout à fait, sortit avec Vivaldi et tous deux, remontant l’escalier, se retrouvèrent un moment après à l’air libre.

La première pensée de Vivaldi fut de courir à Villa-Altieri, bien que l’heure fût matinale. Ils prirent donc la route. Chemin faisant, le jeune comte cherchait vainement quelle personne pouvait avoir eu intérêt à le retenir une nuit, pour le relâcher ensuite.

En arrivant près de la maison d’Elena il entendit des gémissements qui venaient de l’intérieur. Son étonnement se changea en terreur. Il appela et reconnut la voix éplorée de la servante Beatrix.

La porte était fermée ; il s’élança, suivi de Paolo, par une fenêtre et trouva la pauvre femme attachée à un pilier. Ce fut d’elle qu’il apprit qu’Elena avait été enlevée par des hommes masqués. À cette nouvelle, il demeura comme frappé de stupeur. Puis il adressa mille questions à Beatrix, qui lui expliqua comment l’enlèvement avait eu lieu.

Vivaldi soupçonna un instant sa famille d’avoir fait enlever Elena et il demeura persuadé aussi que Schedoni devait être le moine qui l’avait poursuivi avec tant d’acharnement et qui était à la fois le conseiller de sa mère, messager de malheur et exécuteur de ses propres prédictions. Il supposa aussi qu’on l’avait attiré et enfermé dans les ruines afin de l’empêcher de porter secours à sa malheureuse fiancée.

Il retourna chez lui et obtint d’abord une entrevue du marquis. Il se jeta à ses pieds, en le suppliant de ramener Elena chez elle. Mais la surprise naturelle et nullement jouée du vieux gentilhomme fit tout de suite voir à Vivaldi que son père ignorait complète-