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encore temps de recouvrir ma propre estime, en renonçant à Vivaldi… Renoncer à lui ! à lui qui m’aime tant ! à lui qui a reçu ma foi et qui déjà possède mon cœur ! Cruelle alternative ! L’honneur et la raison me commandent-ils de sacrifier ainsi celui qui sacrifiait tout pour moi et le livrer à une éternelle douleur, pour satisfaire aux vains préjugés de son orgueilleuse famille ?…

Il ne lui restait plus qu’à se soumettre à l’affreuse destinée qui la menaçait. Elle se sentait perdue à jamais et, lorsqu’elle venait à penser au peu de probabilité que Vivaldi parvînt jamais à découvrir sa retraite, la vive douleur qu’elle en ressentait montrait assez qu’elle craignait plus de le perdre que d’acheter sa présence par les plus cruels sacrifices, et que de tous les sentiments qui luttaient dans son âme, le plus puissant était encore son amour !


DANS LES RUINES.


Vivaldi ignorant tout ce qui s’était passé à Villa-Altieri, était encore sous le coup de l’impression profonde, produite sur son esprit par les avis du moine mystérieux.

Il s’était décidé à se rendre vers minuit dans les ruines de Paluzzi, avec des torches. Il prit le parti d’emmener avec lui son domestique Paolo qui était un Napolitain fin, gai, curieux, adroit et dévoué. Rieur et brave, Paolo était dégagé de toute superstition.

Ils arrivèrent près de la voûte bien connue et prirent le parti de cacher leurs torches dans le creux d’un rocher qui bordait la route, de manière à les avoir sous la main en cas de nécessité. Puis Vivaldi prit position avec Paolo sous la voûte.

En ce moment, ils entendirent sonner minuit à l’horloge d’un monastère éloigné.

Soudain, Vivaldi crut entendre du bruit. Il prêta l’oreille et tout à coup il entendit marcher près de lui, tandis qu’une voix