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À la fin du jour, la voiture entra dans une gorge creusée entre deux chaînes de rochers.

Comme le chemin était devenu trop raide et trop étroit pour un véhicule, ses deux guides descendirent et l’obligèrent à mettre aussi pied à terre. Elle les suivit par un chemin bordé de bosquets. En avançant, on distinguait les différentes parties d’un vaste édifice : les tours et les clochers de l’église, les toits d’un cloître découpés à angles aigus, les murs des terrasses surplombant sur des précipices et l’antique portail.

Les compagnons d’Elena s’arrêtèrent près d’une petite niche de madone et examinèrent quelques papiers. Puis, l’un des deux s’éloigna dans la direction du monastère, laissant Elena à la garde de son compagnon.

La jeune femme vit quelque temps après deux religieux qui s’avancèrent vers elle et qui renvoyèrent l’homme qui était resté près d’elle. Ils lui dirent ensuite de les suivre.

Ils arrivèrent à une grille qui leur fut ouverte par un frère lai et entrèrent dans une vaste cour. Le frère traversa la cour et sonna une cloche : une religieuse ouvrit et la jeune fille fut remise entre ses mains.

La sœur, gardant le silence, la fit passer dans de longs corridors, dans lesquels ne résonnait le pas d’aucun être humain et dont les murs étaient couverts de lugubres peintures et d’inscriptions menaçantes, signes évidents de la superstition de ce triste séjour. Elena perdit l’espoir d’éveiller quelque pitié dans des âmes endurcies par la vue perpétuelle de ses sombres emblèmes. Elle considérait avec effroi cette religieuse pâle et maigre qui la conduisait, plus semblable à un spectre qu’à une créature vivante.

Arrivée au parloir de l’abbesse, la religieuse dit à Elena d’un ton cassant :

— Attendez ici.

Et elle quitta la salle en jetant à l’étrangère un regard méchamment curieux et chargé d’une sorte de haine. La pauvre Elena ne resta pas longtemps abandonnée à