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à lui offrir ; il laissait même échapper des lamentations sur l’affreux genre de mort qui allait être le leur et maudissait l’obstination qui les avait amenés dans ces caveaux où bientôt ils souffriraient les tortures de la faim. Il se livrait à ces lugubres doléances, dont son maître absorbé n’entendait pas un mot, quand tout à coup il s’interrompit.

— Monsieur, dit-il, qu’y a-t-il donc là-bas ? Ne voyez-vous rien ? Je distingue un peu de jour ; il faut voir ce que c’est.

Il se leva et s’avança du côté d’où venait la clarté. Quelle fut sa joie lorsqu’il reconnut qu’elle entrait par la porte même de la chambre ! Cette porte, refermée sur eux le soir précédent, était maintenant entrouverte sans qu’on eût entendu tirer les verrous ! Paolo la poussa tout à fait, sortit avec Vivaldi qui l’avait aussitôt suivi, et tous deux, remontant l’escalier, se retrouvèrent un moment après à l’air libre, dans la première cour de la forteresse où régnait une solitude complète. Ils arrivèrent enfin sous la grande voûte avant le lever du soleil, respirant à peine et n’osant croire à leur délivrance. Ils s’arrêtèrent un moment pour reprendre haleine. La première pensée de Vivaldi, qui sentit ses alarmes se dissiper, fut de courir à la villa Altieri, malgré l’heure matinale, et d’y attendre le lever de quelqu’un de la maison. Ils en prirent donc la route. Paolo, fou de joie à l’idée de ne plus se voir exposé à mourir de faim, se perdait en conjectures sur les causes de cette captivité passagère ; Vivaldi ne pouvait guère l’aider à en trouver l’explication. Mais ce qu’il y avait de certain, c’est qu’ils n’étaient pas tombés